A bas les chapeaux pointus, les balais et les nez crochus. La sorcière n’est plus cette vieille femme aigrie qui jette des sortilèges maléfiques sur de pauvres innocents. Non, les sorcières des temps modernes partagent leurs connaissances à travers des comptes plus instagrammables les uns et que les autres.
Si les sorcières sont devenues glamour, elles ont, pendant, des siècles, étaient vu comme l’accolyte de satan. Ordalie, tortures, bannissement, tout était bon pour s’en débarrasser….
sorcellerie = crime ?
La sorcellerie est définie comme toute pratique magique en vue d’exercer une action, généralement néfaste, sur un être humain (sort, envoûtement, possession), sur des animaux ou des plantes (maladies du bétail, mauvaises récoltes, etc.).
Si aujourd’hui la sorcellerie est en vogue, au Moyen-âge, cette pratique était punie par la peine de mort. Dans ce type d’affaire, la procédure judiciaire était inquisitoriale, c’est-à-dire que le juge pouvait lancer d’office l’action judiciaire sur simple dénonciation ou soupçon.
Après avoir fait l’objet d’accusation, l’individu était arrêté et soumis à divers actes d’expertises et de tortures. La sorcellerie était confirmée entre autres par la présence de la marque du diable sur le corps de l’accusé (cicatrices, insensibilité, grains de beauté, boutons ….).
le dernier procès français
Le dernier procès de sorcellerie a eu lieu en Normandie en 1669, dans le Cotentin, plus précisément à La Haye-du-Puits.
Un certain Jacques Noël se disait être possédé après avoir refusé de participer à un Sabbat (réunion nocturne de sorciers). Interrogé par les autorités, il leur donna le nom des participants qui seront par la suite arrêtés. Au total, trente-quatre d’entre eux seront condamnés, dont neuf à la peine capitale.
Les accusés décidèrent de faire appel de la sentence auprès du Parlement de Rouen qui, malheureusement, confirmera les condamnations. Mécontent de cette décision, la juge Claude Pellot, fit remonter les faits au Roi qui décida de casser le jugement.
Un arrêt du Conseil d’Etat finira par ordonner le bannissement à vie des accusés de la Normandie.
Le XVIIe siècle marque un assouplissement jurisprudentiel en faveur des personnes accusées de sorcellerie. Les mentalités évoluent, le pacte avec le diable et les sortilèges occupent désormais la place de superstitions.
La Cour du bailli de Hans interdit en 1587 l’ordalie par l’eau froide. Cette interdiction sera généralisée au niveau national en 1601, notamment grâce à la plaidoierie de l’avocat Louis Servin dans l’affaire Dinteville.
Puis, un arrêt du 24 juillet 1604 autorise tous les accusés de sorcellerie à bénéficier d’un appel de droit.
Enfin, l’édit de juillet 1682 acta définitivement la décriminalisation de la sorcellerie en France. A partir de cette date, les juges préfèrent poursuivre les accusés pour empoisonnement ou blasphème.
et maintenant?
Le droit français n’est pas le seul à aborder la question de la sorcellerie. Certains Etats considèrent toujours la sorcellerie comme un crime, notamment sur le continent africain dans des pays tels que le Cameroun, le Sénégal, le Tchad, le Mali, le Gabon, la Centrafrique, la Côte d’ivoire et le Bénin.
Au Gabon, l’article 210 du Code Pénal punit de deux à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 50.000 à 200.000 francs toute personne se livrant à des pratiques de sorcellerie, magie, charlatanisme susceptibles de porter atteinte aux personnes.
De même en Centrafrique où les articles 162 et 162 bis du Code pénal considèrent les pratiques de sorcellerie et de charlatanisme en tant que crimes et délits.